La Tarte Frontale

Sardine vient tout juste de m’apporter le courrier depuis la boîte aux lettres bondée, qui maintient miraculeusement son pieu, incliné comme un parasol de Pise, au bout d’une allée de petits cailloux glissants. Encore il pleut. Toujours il pleut.

Mais ma douce plumée est grave chouette et je lui adresse mon sourire haleine-fatale-du-lendemain le plus sincère tout en essorant le journal du mois dernier. C’est que j’ai des patates à éplucher, moi, avec obtention de la mention tag de cuisine à la grosse huile de friture, pis là sploutch, une boulette multicolore se ramasse une claque sur le sol.

Je me penche pour la récupérer, oubliant l’originalité d’un tabouret à trois pattes, et emplâtre mon minois joli dans le beau panier dormant d’un Berserk peu courtois. Shtonk ! Scriiiifff !?!!! Outch. Suspendue au poêle, une louche en verlan me déclare non coupable mais entaillée des joues et soudain, alors là oui, mon balai vole vraiment, jusqu’en travers du salon même, allant secouer furieusement la suie de la cheminée dont le lourd manteau, avec l’aide de madame la rapace, camoufle et opère une parfaite fuite en vol miauleur. Cependant, sur ma moue boudeuse et grinche, se ranime la flamme d’un sourire plus carmin : hin hin, dehors il pleut dru. Zigo’Ma 1 – Bersek 0.

Je m’en retourne donc vers la balle postale mâchouillée par le temps, les serres, la chute, l’aplatis prestement au rouleau, après quoi je la couche avec tendresse sur le côté gauche de mon gaufrier. PtttsshhhhCRrrshhhFffff. Le presque pas rectangle tout à fait carreauté refroidit à présent, lové sous le hublot, au dessus de la pierre à évier. Campée devant, poings contre les hanches, j’admire la loyauté de ma sentinelle Sardine qui dépose solenellement, sur la plus haute branche du noyer, limite au faîte, ledit greffier carotté. I’ fait moins son malin, le ravageur de make-up, vous pouvez m’croire, toutefois je n’ai pas longtemps l’coeur à la bagarre. J’encape ma frêle carcasse d’un sac de couchage, qui trainait sur le sofa sans Personne dedans, pour sortir affronter les éléments. Au travers des rafales de vent, froissant les volumineuses tignasses de la forêt en un mille-feuille aérien de calque et d’aluminium, félin et crécelle tinrent au mot près ce jactage :

_ Mewwwo Mewwwo

_ Mais l’eau, mais l’eau, c’est la vie !

_ Mewwwo Mewwwo

_ C’est pas faux

Je tourne les talons à une vitesse ahurrissante, renversant presque la procession des escargots, puis ordonne à mon aérospirant de filer récupérer le casi-jeune demoiseau en détresse. Je relis la spongieuse gaffe musicale et prépare aussitôt une tarte-réponse couronnée d’une congère de chantilly-maison. Sereinement elle gazouille en tournant le robinet de douche, attrape un ample et moelleux drap de bain dont elle se vêt avant de faire glisser le rideau fleuri, enjambe le petit rebord, puis, comme elle relève son noble menton, aperçoit le prodigieux ralenti d’un projectile circulaire crémeux à destination de ses mirettes écarquillées.

_ Stupide idée fixe !

Mince, elle connaît ce sort-là. Je vole, si, je vole au dessus d’un rire de courroux. Chose amusante, ma tarte lévite aussi. Enfin je le crois, l’espace d’un court instant, car de la sentir masser et barbouiller mon visage grimaçant j’imagine que Melo manie parfaitement le flexible métallique lors du lancer de pommeau.

Daviiiid, Johnnyyyy et Nouvelle Vague dans le même sac, fallait oser ! Pari réussi ma Zigo avec mes félicitations pour ze english bus (je l’avais oublié). J’aurai bien vu au milieu de tout ça, du costume à paillettes ou histoire de te hérisser le poil du frenchy gnangnan ! – MeloP

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s